Forage au large de la terre de feu

Total ayant un grand champ de pétrole, en mer, au large de la Terre de feu, et voulant ou devant argentiniser son personnel, fit appel à moi pour amariner ses superviseurs argentins. Je pris donc un avion, en première classe, à Roissy- Charles de Gaule pour Buenos Aires. Après un très long vol traversant l'Atlantique nord puis l'Atlantique sud j'aterrissait à Buénos Aires en début d'après-midi, le landemain. Un taxi m'amena à l'Hôtel des trois rois ou après quatre heures de sommeil agité, la réception me réveilla pour me dire qu'un taxi m'attendait pour me ramener à l'aéroport...Cette fois ce fut aux lignes intérieures où je montais dans un avion de Aerolinas Argentinas qui m'amena à Rio Grande, après une courte escale à Ushuia dont je ne vis que les maisons de couleurs vives et le ciel bien gris. En décollant d'Ushuia j'aperçu les sommets montagneux et les glaciers de la Cordillière des Andes, puis la mer de couleur grise comme le ciel...bientôt ce fut Rio Grande où, lorsqu'on se posa, j'avais du mal à tenir sur mes jambes...après toutes ces heures d'avion, je n'étais guère surpris !...Un taxi m'amena à l'Hôtel où, après un excellent repas que la fatigue me fit mal apprécier, je montait péniblement à ma chambre et m'affalais sur le lit en m'endormant immédiatement.

La réception me réveilla le landemain matin pour me dire qu'un taxi était là pour me conduire à l'héliport où un hélicoptère gazelle de Helli-Union attendait pour m'amener sur la plateforme auto-élévatrice " Glomar Labrador " j'enfilait combinaison de survie et gilet de sauvetage gonflable et grimpais à bord. Après une heure et demi de vol nous apontions sur la plateforme. Je restais cinq semaines à bord dans des conditions météorologiques normales pour la terre de feu;l Nous étions à mi-chemin entre les îles Malouines et la cote argentine, face au canal de Beagle. Nous avons foré un puis d'exploration horizontal pour déterminer l'extension du champ. La plateforme avait été construite à Dunkerque par les chantiers Eiffel, ce qui prouve que la France a des capacités quand elle y met la volonté  car je pense que la société américaine Global Marine est assez exigente.

Les travaux sous-marins s'effectuaient à l'aide d'un ROV vu la profondeur de 110 mètres d'eau et les forts courants qui avaient, parait-il, obligé des plongeurs à rester accrochés à un pied durant toute une marée...de temps à autre on voyait un phoque sortir la tête de l'eau pour nous regarder.

Au bout de cinq semaines je redessendis en Patagonie et le retour à terre fut quelque peu mouvementé, nous volions à, peut-être, 3 oui 4000 mètre quand un bruit de frottement ou d'arrachement de métal se produisit...un grand silence reignat dans l'abitacle, nous étions deux passagers et deux pilotes...l'un des pilotes se retouna et nous fit signe de regarder à l'extérieur de l'appareil...Nous n'aperçumes rien d'anormal mais, au bout d'un moment, nous fumes soulagés d'apercevoir qu'un gilet de sauvetage était tombé sur le plancher métallique et que la bouteille de gonflage, métallique elle aussi, produisait ce bruit !...Le reste du vol se passa bien et je repris le chemin de la France en repassant par Rio Grande, Buenos Aires et Paris.